QUELLES COMPETENCES
POUR UN ANIMATEUR DE G(F)APP
[1] ?

Patrick ROBO

Juin 2003

http://probo.free.fr/  -  patrick.robo@laposte.net

 

 

"Je croyais qu'animer un groupe d'APP, c'était facile. J'avais vu faire les animateurs habituels et ça semblait aller de soi ; j'avais pourtant  bien intégré le protocole du dispositif… Et bien non. C'est fort compliqué et ça demande de faire plusieurs choses à la fois ! C'est mangeur d'énergie."

 

Ce ressenti exprimé par une participante à un GFAPP qui s'essayait pour la première fois au poste d'animatrice n'est pas exceptionnel. Bon nombre de participants, enseignants et/ou formateurs ayant par ailleurs l'habitude d'animer des groupes dans leur quotidienneté professionnelle, font la même remarque. La plupart d'entre eux hésite même à répondre favorablement à l'invite pour animer le groupe d'APP auquel ils appartiennent. Force est de constater que ce n'est souvent qu'après quatre, cinq, voire six séances qu'ils disent : "Je veux bien essayer la prochaine fois".

 

Les nombreuses observations que j'ai pu mener dans des GFAPP, les analyses réflexives menées à l'issue de ces temps de formation, montrent que la fonction d'animateur ne relève pas de la mission impossible mais nécessite certaines compétences pouvant relever elles-mêmes d'une démarche de formation. Par compétence on retiendra : habileté acquise, grâce à l'assimilation de connaissances pertinentes et à l'expérience, et qui consiste à circonscrire et à résoudre des problèmes spécifiques".[2]

 

Quelles compétences seraient donc nécessaires à l'exercice de la fonction d'animateur d'un GFAPP ?

 

Avant de tenter un repérage non taxonomique de ces compétences il convient de souligner qu'en terme d'animation de tels groupes il existe, si l'on emprunte la terminologie de l'ergonomie du travail[3], un "genre" (une sorte de norme, de canevas) se déclinant lui-même en divers "styles" (manières de tisser le canevas, de mettre en forme la norme), différents en fonction de l'animateur, de la composition du groupe, de la "maturité" de celui-ci, des objectifs visés.

 

Par commodité de lecture, ces compétences pourraient être répertoriées en catégories :

 

Ø Des compétences relatives à des techniques

Il s'agira de savoir :

-          animer un groupe d'adultes avec des techniques efficientes ;

-          informer ;

-          communiquer et faire communiquer ;

-          prendre des notes utilitaires (demandes de paroles, champs explorés, minutage, etc.) ;

-          gérer le temps ;

-          (faire) reformuler ;

-          être "multitâche" (mener de front plusieurs tâches hétérogènes entre elles) ;

-          savoir analyser rapidement et établir des synthèses pour recentrer, pour relancer ;

-          "saisir (comprendre) rapidement" la situation (inconnue) présentée par l'exposant ;

-          être en mesure de repérer ce qui se joue là ;

-          organiser (les réunions, les lieux, la publication…)  ;

-          réguler ;

-           

 

Ø Des compétences relatives à des postures

Il s'agira de savoir :

-          être chaleureux, humaniste ;

-          être congruent (être présent au monde, se référer à son vécu, exposer à l’autre la structure de sa personnalité)

-          écouter (écoute sélective, écoute active) ;

-          se mettre en empathie ;

-          rester neutre ;

-          ne pas s'impliquer ;

-          gérer des affects ;

-          accompagner (compagnon réflexif) ;

-          trouver, être et rester à sa place ;

-          se mettre en extériorité ;

-          se mettre en recul, en position "meta" ;

-          "taire son (supposé) savoir" (ne pas être celui qui sait) ;

-          être médiateur ;

-          être facilitateur ;

-          favoriser la négociation ;

-          être capable de permettre l'analyse ;

-          s'inscrire dans le paradigme du développement professionnel et dans une démarche heuristique ;

-          s'inscrire dans une démarche de production de savoirs individuels et collectifs ;

-          être un praticien réflexif ;

-          ne pas donner de conseils mais plutôt tenir conseil ;

-           

 

Ø Des compétences relatives à des savoirs théoriques

Il s'agira de savoir :

-          (se) référer à des champs théoriques de référence ;

-          se situer par rapport à différentes modalités d'APP ;

-          donner du sens au "cadre" du dispositif ;

-          travailler sur la multiréférentialité ;

-          utiliser les médiations ;

 

Ø Des compétences relatives à des savoirs professionnels

Il s'agira de savoir :

-          se référer à une expertise dans les métiers de l'éducation ;

-          se repérer dans le système, l'institution Education nationale ;

-          trouver des pistes d'interprétation "grâce à des lucidités professionnelles" ;

-           

 

Ø Des compétences relatives à des savoirs personnels

Il s'agira de savoir :

-          se connaître ;

-          se contrôler ;

-          gérer ses affects

-          "être moins inquiet sur ses fragilités" ;

-          s'autoriser et autoriser ;

-          analyser sa propre pratique ;

-           

 

Ø Des compétences relatives à une déontologie professionnelle

Il s'agira de savoir être le garant:

-          de la sécurité des participants ;

-          du respect des principes fondateurs ;

-          du cadre mis en place ;

-          de la mise en œuvre et de l'application des règles adoptées ;

-          du contrat didactique adopté ;

-           

 

Ce catalogue mériterait d'être affiné et certainement serait-il utile (nécessaire ?) de s'interroger sur "comment s'acquièrent ces compétences ?" dans le cadre plus particulier qu'est un GFAPP.

 

 

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[1] Groupe de Formation à l'Analyse de Pratiques Professionnelles.

[2] in Dictionnaire actuel de l'éducation, 2e édition, 1993 qui par ailleurs définit la CAPACITÉ comme Aptitude, acquise ou développée, permettant à une personne de réussir dans l'exercice d'une activité.

[3] Clot Y., Faïta D., Genres et styles en analyse du travail. Concepts et méthodes. Travailler, n°4.