Débat national pour l'école de demain
La formation des enseignants en questions…

Patrick ROBO

Décembre 2003

site : http://probo.free.fr/

courriel : patrick.robo@laposte.net

 

 

Liminaire

 

En propos liminaire, souligner que ce débat national pour l'école de demain est un miroir aux alouettes et un simulacre de démocratie participative. Le diagnostic partagé et des propositions sérieuses pour améliorer le système public d'éducation existent. Des politiques, des experts, des spécialistes, des chercheurs les ont établis et ils sont connus des décideurs politiques.

 

A PROPOS DE LA LOI D'ORIENTATION POUR L'ÉCOLE

 

L'École, au sens large, est au service des enfants, adolescents et étudiants, au service de la société, au service de l'Instruction et de l'Éducation, et ce, par l'Enseignement dispensé dans des établissements de la Nation.

L'École aujourd'hui est régie par la Loi d'Orientation de 1989. Cette Loi est fondée sur des valeurs et des principes inscrits dans la ligne tracée par des penseurs, des politiques, des pionniers de l'éducation moderne, dont le dénominateur commun est la dimension humaniste  : Condorcet, Ferry, Langevin et autres grands pédagogues.

Cette Loi de 1989, quand on la connaît, mérite d'être respectée et actualisée, mais ne doit pas être rejetée sous prétexte qu'elle n'a pas produit tous ces effets faute d'avoir été sérieusement, intelligemment et dignement accompagnée.

On pourrait d'ailleurs, avant de proposer des mesures nouvelles pour améliorer l'Éducation, se demander quelles valeurs et principes, les pourfendeurs de cette Loi veulent mettre à la place de ceux qui, globalement, la fondent.

 

Trois points d'INTERROGATION ET PROPOSITIONS

 

1/ La formation d'enseignants en seulement une année pour créer des professeurs d'école est un leurre. Alors qu'il faut quatre années pour former un ingénieur, ne parlons pas de la formation d'un médecin… il est indigne de la Nation de prétendre vouloir transformer un étudiant en enseignant au cours de 450 heures d'enseignement et 11 semaines de stage comme c'est le cas pour les Professeurs des Ecoles.

Du temps de l'Ecole Normale dans sa dernière ligne droite il y avait deux années dites de Formation Professionnelle. En ce sens nous avons régressé avec la mise en place des IUFM puisque aujourd'hui il n'y a qu'une année prévue à cet effet, la deuxième année d'IUFM. (La manière dont sont formés les médecins pourrait peut-être nous apporter quelques lumières…)

Aujourd'hui encore deux années apparaissent comme nécessaires pour professionnaliser, dans le cadre des IUFM, professionnaliser des étudiants, même si ceux-ci ont a minima un niveau Bac +3.

è Le concours devrait précéder ces deux années qui devraient être suivies de deux ou trois années d'accompagnement professionnel réfléchi et réel (ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, l'accompagnement actuel, tel qu'il est conçu étant une peau de chagrin).

Ce concours devrait d'ailleurs être repensé  et ainsi permettre de recruter des personnes ayant non seulement un bagage intellectuel et des compétences à concourir, mais aussi des aptitudes à enseigner.

 

2/ Les formateurs intervenant en IUFM devraient être recrutés non seulement sur des qualifications mais aussi sur des compétences reconnues. Chacun le sait ici, il ne suffit pas d'être bardé de diplômes ou muni d'un titre lié à une fonction pour être un pédagogue ou un formateur efficient.

Est-il encore concevable que de futurs professeurs des écoles soient formés par une majorité de formateurs issus du second degré et de l'Université et dont certains n'ont jamais enseigné à de jeunes enfants dans une école ? (Faites ce que je dis mais que je n'ai jamais fait !)

Pour devenir Maître Formateur il faut avoir exercé au moins cinq ans dans une école. Pour être PIUFM ce n'est même pas pensé comme nécessaire…

è Les modalités de recrutement des formateurs sont certainement à repenser aujourd'hui après douze années de vie et d'expérience des IUFM.

 

3/ La formation des formateurs d'enseignants qui est le levier d'une Ecole efficiente est encore aujourd'hui laissée à la bonne volonté de l'institution ou plutôt de ses responsables. C'est simplement scandaleux.

è Tout formateur IUFM devrait obligatoirement bénéficier d'un bilan de compétences au moment de son recrutement.

è L'IUFM devrait impérativement mettre en œuvre, pour ses formateurs, une formation initiale adaptée et personnalisée en fonction des besoins recensés à partir du bilan de compétences et des exigences de la formation professionnelle des futurs enseignants.

è Une formation accompagnante (plus que continuée) mise en place par l'IUFM devrait être obligatoire et faire partie des services dus par les formateurs. N'est-ce pas un service dû à la société ?

 

 

Pour conclure semi-anecdotiquement…

 

Dire que corollairement il conviendrait de s'interroger une fois de plus sur les Appellation d'Origine non Contrôlée de l'Éducation nationale. Après la fonction d'Aide Éducateur créée alors que dans aucune école, aucun établissement n'existe la fonction officielle d'Educateur… peut-être s'interroger sur le sigle "IUFM" qui caractérise ces Instituts chargés de former des Maîtres. Or dans les statuts et fonctions connus de notre Monde de l'Éducation, il y a des Maîtres de Conférence et des Maîtres Formateurs… Hormis ceux-ci, quels Maîtres doit-on former ?

Ne conviendrait-il pas plutôt d'appeler ces établissements des Instituts Universitaires et Professionnels de Formation des Professeurs ?

 

 

 

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DÉBUT