Patrick ROBO[1]
octobre
2002
Tout au long de mon cheminement autour et dans l'analyse des pratiques j'ai été habité par, et destinataire d'un certain nombre de questions, de remarques, de doutes… Une posture réflexive sur la mise en œuvre et la participation à des Groupes de Formation à l'Analyse de Pratiques Professionnelles depuis une huitaine d'années m'a conduit à :
- 1°/ émettre un premier constat :
Il ne suffit pas de partager les valeurs et théories de références qui fondent ce dispositif et d'approuver le protocole du déroulement d'une séance pour que l'analyse se produise et que formation il y ait.
- 2°/ me poser, à partir de là, deux questions-clés :
Ø
Qu'est-ce qui fait que "ça marche"
?
Ø
Est-ce réellement formateur ?
Pour tenter d'apporter un peu de lumière, j'ai alors entrepris un travail de recueil de données à partir d'un questionnaire, d'entretiens et d'observations personnelles notamment dans la dernière phase du dispositif, dite "phase meta" et au cours de laquelle il s'agit d'analyser le fonctionnement du G.F.A.P.P.
J'ai ainsi colligé un certain nombre de facteurs d'efficience pouvant montrer en quoi un tel dispositif? d'une part permet, favorise l'analyse et d'autre part est formateur… facteurs qui mériteraient certaienemnt d'être pris en compte dans une formation de formateurs à l'analyse des pratiques, notamment en groupe.
La recension globale n'a pas été des plus faciles à synthétiser vu la diversité des données recueillies ; j'ai cependant tenté un regroupement de ces facteurs[2] en quatre domaines :
Dans un premier temps j'ai regroupé dans ce domaine tous les éléments ayant trait au dispositif lui-même, ce que nous pourrions nommer le protocole[3], et qui sont explicitement cités comme effecteurs positifs.
Dans un deuxième temps j'énumèrerai dans ce domaine des éléments davantage liés au fonctionnement du dispositif, à la démarche et qui sont repérés comme facteurs propices.
▲ Le travail sur des hypothèses
▲ L'approche multiréférentielle
▲ Le retour réflexif sur le fonctionnement de la séance
Dans un troisième temps j'identifierai dans ce domaine ce qui est parfois de l'ordre de l'impalpable, dont on a une conscience plus ou moins floue et qui contribue à la réalisation, à la réussite de l'analyse de pratiques dans un groupe. Ne sachant comment qualifier ces éléments, je les ai nommés facteurs "satellites" au double sens étymologique de protecteur et de serviteur. Donc des éléments à la fois au service du GFAPP mais qui garantissent en quelque sorte son fonctionnement et sa sécurité. Ainsi ont été évoqués :
▲ L'écoute
Dans un quatrième et dernier temps, je recenserai ici des facteurs d'efficience liés "aux métiers de l'humain" et donc relatifs à et/ou liés à la personne, aux personnes, sachant que le distinguo effectué par rapport aux domaines précédents n'est pas aussi précis que ce classement pourrait le laisser supposer.
▲ L'extériorité à la situation
▲ Le partage et l'alternance des rôles
▲ La, les compétence(s) de l'animateur
D'autres informations relevées font état du nécessaire caractère complémentaire des différents éléments repérés comme favorisant l'analyse des pratiques professionnelles en groupe et la formation des participants à de tels groupes. Ce qui se résume assez bien dans la réponse écrite d'une participante : "Chacun des principes fondateurs contribue efficacement à favoriser l’analyse, (assiduité, confidentialité, volontariat, sécurité, convivialité, etc.) ; ces principes me paraissent incontournables et leur complémentarité les rend indissociables".
Ces données ne relèvent pas d'une recherche scientifique pure, mais la démarche qualitative[4] adoptée pour leur recueil et leur traitement permet d'inférer que le GFAPP apparaît comme un système opérant, comme un dispositif formateur et, ajoutent certains interviewés, transposable dans d'autres lieux professionnels y compris jusque dans des pratiques pédagogiques en classe avec des élèves.
▲
▲ ▲
[1] : A partir de mon mémoire de DESS : "L'analyse de pratiques professionnelles en groupe : un dispositif de formation accompagnante", Montpellier, Septembre 2002.
[2] : Je ne donnerai dans ce document que les titres des facteurs repérés sans fournir, faute de place, le détail des données et commentaires rédigés par ailleurs.
[3] : Énoncé des règles et des procédures qui déterminent la conduite d'une opération complexe.
[4] : Cf.
POURTOIS J-P. et DESMET H., Epistémologie
et instrumentation en Sciences humaines, Mardaga, Paris, 1988.
DESLAURIERS
J-P., Recherche qualitative, guide
pratique, THEMA, Ed. McGraw-Hill, Montréal, 1991.