Patrick ROBO
Juin 2003
http://probo.free.fr/ - patrick.robo@laposte.net
Les "groupes Balint-enseignant" sont des groupes d'analyse de pratiques construits à l'instar des groupes de recherche-formation pour des omnipraticiens sous le contrôle d'analystes, initiés dans les années 1960 par Enid et Michael Balint et fonctionnant sur des études de cas (case work) librement commentés autour de trois axes : la relation médecin-malade, le contre-transfert du médecin envers le patient, le rôle du leader (moniteur, animateur).
Ces groupes ne dépassant pas quinze participants réunissent des personnels de l'éducation. Ils sont animés, si possible, par un psychanalyste, ou par un psychologue clinicien, ou par une autre personne ayant acquis une bonne expérience du groupe Balint.
L'objet du travail, de l'analyse est un cas évoqué par un participant en lien avec sa pratique et une difficulté rencontrée.
L'objectif n'est pas de permettre une "analyse personnelle", encore moins de soigner. Ce n'est pas non plus l'étude clinique de cas (d'un enfant ou d'un stagiaire à problème), ni l'analyse didactique (au sens pédagogique du terme). C'est de former dont il s'agit, en travaillant sur le système de relations et d'émotions dans la situation évoquée, à l'articulation du professionnel et du personnel, et ce avec beaucoup de précautions.
L'objectif est, grâce au langage, par le biais d'un
récit suivi de questions-réponses, d'évocations, d'hypothèses, "de faire prendre conscience intellectuellement et
affectivement des processus inconscients en jeu" (Blanchard Laville, 2001) et des "processus
contre-transférentiels mobilisés" (Imbert, 2000) dans la relation
pédagogique-éducative ou de formation analysée.
L'intérêt du groupe Balint-enseignant est, non pas le travail sur le transfert entre un exposant et le moniteur du groupe, mais de provoquer des "transferts latéraux, (cet) extraordinaire champ de mobilisation et de mise en circulation d'affects et de signifiants – de "communication" et de "symbolisation" – qu'ils constituent avec leurs effets éventuels de décollement et de séparation, de (ré)articulation des limites et des différences." (Imbert, 2000), sorte de résonances entre les participants, parfois plusieurs semaines après. Et ceci tout particulièrement parce que, grâce à la posture du moniteur, "la parole ne se boucle pas sous le poids de "réponses" et d'un savoir obturant, mais demeure travaillée par des effets de vérité" (Imbert, 2000).
Il revient alors à chacun des participants de construire ses réponses, son propre savoir.
Blanchard-Laville C. (2001). Les enseignants entre plaisir et souffrance, Paris, PUF, Collection Education et Formation.
Imbert F. (1992). «Groupes Balint et formation des pédagogues». Pratique de formation (Analyses), N°23.
Imbert F. (2000). «Le groupe Balint, un dispositif pour un "métier impossible" : enseigner» in Blanchard-Laville C. et Fablet D. L'analyse des pratiques professionnelles, nouvelle édition revue et corrigée, Paris, L'Harmattan.
Balint M. (1960). Le médecin, son malade et la maladie, Paris, Petite Bibliothèque Payot.
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