Patrick ROBO
http://probo.free.fr/ - patrick.robo@laposte.net
A plusieurs reprises dans divers Groupes de Formation à l'Analyse de
Pratiques Professionnelles auxquels j'ai participé, en tant qu'animateur ou
que participant, j'ai pu observer certaines "gênes" dans le
fonctionnement liées à l'attitude de participants occupant des fonctions
différentes.
Ces "gênes" étaient, à mon avis, source de
parasitages et/ou de frein dans la conduite de l'analyse elle-même.
Une hypothèse…
J'en suis arrivé à formuler l'hypothèse que cela
était lié à un manque ou à une restriction d'AURORISATION de ces personnes,
dans le cadre permis.
Des repérages…
Fort de cette hypothèse j'ai commencé à repérer un
certain nombre de variables, de rôles, dans lesquels cela jouerait, ainsi :
Ø AUTORISATION DE L'ANIMATEUR :
-
à
reformuler ce qui vient d'être énoncé
-
à
relancer le questionnement, les hypothèses
-
à
"interrompre" un participant
-
à
tenir, moduler le temps des phases (cadre horaire)
-
à
couper la parole pour intervenir dans son rôle
-
à
faire évoluer la méthode, le rituel, les règles de fonctionnement (cadre
organisationnel)
-
à
censurer une intervention
-
à
interpréter ce qui a été dit
-
à
intervenir dans le temps de l'analyse
-
à
rompre des silences "pesants"
-
à
prendre des décisions
-
à
intervenir dans le temps d'analyse du fonctionnement
-
…
Ø AUTORISATION DE L'EXPOSANT :
-
à
tout dire d'une situation
-
à
apporter des compléments d'informations dans la phase des questions
-
à
dire ses "sentiments"
-
à
réagir dans la dernière phase de l'analyse
-
…
Ø AUTORISATION DE L'OBSERVATEUR :
-
à
choisir son mode d'observation
-
à
faire un retour "critique"
-
à
intervenir dans le temps de l'analyse
-
à
être subjectif
-
à
interpréter des phénomènes de groupe, des fonctionnements individuels
-
à
lancer une réflexion sur le fonctionnement
-
…
Ø AUTORISATION DES PARTICIPANTS :
-
à
inter-réagir
-
à
ne rien dire
-
à
poser beaucoup de questions
-
à
formuler des hypothèses "farfelues"
-
à
s'adresser à l'exposant
-
à
proposer un cas, une situation ; à exposer, à s'exposer
-
à
devenir observateur, animateur
-
…
L'autorisation est l'acte qui autorise (latin
médiéval : auctorizare ; de auctor : auteur ; de l'ancien français
actorise : donner autorité à quelque chose, certifier, prouver), qui permet.
La question qui se pose est de savoir pourquoi ces
refus ou impossibilités de s'autoriser à intervenir, agir dans un groupe
d'analyse de pratiques (alors que certains des participants s'y autorisent
facilement en d'autres lieux, dans d'autres groupes).
Des réponses possibles ; cela pourrait être dû à :
-
une
incompétence liée à un manque d'information, de formation, de préparation,
d'entraînement ;
-
une
incompréhension de ce qui se passe, se joue là ;
-
une
timidité profonde, de l'humilité, de l'inhibition ;
-
un
blocage psycho-affectif ;
-
une
crainte de "blesser" l'autre qui s'exprime, s'expose ;
-
une
difficulté à analyser, synthétiser une (la) pensée ;
-
une
difficulté à s'exprimer ;
-
une
difficulté d'écoute ;
-
une
difficulté à interpréter et à inférer ;
-
une
gêne à partager ses idées, sentiments, opinions ;
-
un
embarras face à la mutiréférentialité ;
-
…
En référence à Jacques Ardoino, si l'on ne veut pas rester simple agent ou acteur
mais plutôt être auteur de ses actes, pensées, paroles, peut-être convient-il
de mener un double travail sur soi :
-
se
former techniquement à des démarches, à des comportements : l'observation, la
synthèse, la reformulation, la prise de parole en public, le débat
contradictoire, l'animation de groupes, l'écoute, le silence (savoir se taire),
etc.
-
apprendre
à se connaître afin de mieux être et devenir ; apprendre à gérer ses émotions,
se contrôler.
Un travail de formation (auto – co – trans) devrait
peut-être accompagner chacun des participants dans une démarche professionnalisante
conduisant au développement de son
identité professionnelle et au façonnage d'une meilleure estime de soi.
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"La compétence
sans autorité
est aussi impuissante que l'autorité sans compétence."
Hier et demain Gustave Le Bon